9 mois

Bébé Edgar a 9 mois. Et ça y est, je commence à me dire que ça passe vite…
Enfin, pas exactement.
En fait je me dis qu’il change vite, surtout, chaque jour, il n’est plus le même que la veille…

Quand je le regarde, avec ses trois dents et demie, que je le vois partir à quatre pattes et se mettre debout en se tenant aux bords du parc, qu’il essaie de me montrer des choses avec son tout petit doigt, qu’il dit « papa » quand B. apparaît dans la pièce et que je range tous les vêtements qui ne lui iront plus, qu’il ouvre sa boîte à jouets tout seul, tout ça, et bien je me rends compte que mon bébé est en train de se lancer dans le monde, dans la vie…

Alors, chaque jour, j’essaie peu à peu de dire adieu au tout petit bébé qu’il était, ce tout petit être qui tétait mon doigt, qui s’endormait paisiblement contre moi, pour lui laisser la possibilité de tourner cette page et devenir ce que tous les bébés ont hâte de devenir: un enfant.

Mais c’est dur, je l’avoue, alors j’essaie de prendre des photographies mentales de chaque moment où il me laisse encore être son seul refuge, où l’on danse cette valse tous les deux, seuls au monde, ces moments magiques qui ne se vivent que durant une très courte période, et dont on a du mal à profiter pleinement, tant on est pris dans un tourbillon et c’est souvent avec le recul, plus tard, qu’on se rend compte de ce qui c’est passé, de ce qu’on a vécu.
Et comme plus tard, c’est trop tard, alors je m’imprègne.
Maintenant.
Je m’imbibe littéralement de lui. Je le respire, je le goûte, mes mains connaissent sa peau par coeur, j’enregistre son souffle, et je le regarde. Continuellement. Je le couve, je l’admire, je le suis, et j’enregistre. J’essaierai de toutes mes forces de ne jamais rien oublier, mais je sais que c’est impossible.

Alors je me raccroche à la seule chose qui ne changera jamais, la seule dont je peux être sûre, c’est qu’il est le seul être auquel j’appartiens totalement, il est ma vie.
Et il m’appartient, là, maintenant.

 
Laisse-moi te regarder, mon amour, mon tout petit amour, car demain, tu seras déjà grand…